L’année 2024 est l’occasion de célébrer le bicentenaire de la naissance d’Alfred Dauvergne, architecte départemental qui œuvra avec ses deux fils Henry et Louis dans la quasi-totalité du département de l’Indre, s’investissant dans des projets tant publics que privés, de l’église Saint-André de Châteauroux au château de Lancosme à Vendœuvres, en passant par la sous-préfecture du Blanc et le palais de justice de La Châtre. En tout, 1300 bâtiments indriens portent la signature des Dauvergne.

Cette « année Dauvergne » constitue un cadre propice pour présenter l’ampleur du patrimoine architectural légué par cette famille aux Indriens. Cinq expositions ont lieu dans différentes institutions culturelles de l’Indre : L’Écomusée de la Brenne, Musée George Sand et de la Vallée Noire, Musée de la Chemiserie et de l’Élégance masculine, Les Archives municipales de Châteauroux / Médiathèque Équinoxe, Les Archives départementales de l’Indre.

Le Musée de la Chemiserie traite en particulier de l’architecture industrielle et commerciale. L’apparition du chemin de fer dans l’Indre entre 1846 et 1851 accélère l’irruption de la Révolution industrielle dans le département et fait du Berry un axe majeur sur la route du sud-ouest de la France. Cette période d’intense développement économique et industriel provoque des modifications profondes dans le quotidien et les traditions productives du département.

L’étude des processus de fabrication des usines Balsan et de la manufacture des Tabacs permettent de comprendre l’architecture industrielle conçue par le cabinet Dauvergne. Ces deux usines réalisées en une décennie, constituent une formidable synthèse des principes industriels du début du Second Empire. De même, elles sont des sources majeures pour expliquer la réussite d’Alfred Dauvergne.

Corollaire de l’essor industriel, l’activité commerciale urbaine offre des commandes variées et cruciales pour l’agence Dauvergne. L’étude de l’architecture des boutiques d’habillement, des cafés des banques et de l’activité libérale nous donnent la possibilité de percevoir la sociabilité berrichonne de cette seconde moitié du XIXe siècle.

L’intérêt du cabinet Dauvergne pour le fait industriel est d’autant plus exceptionnel que les architectes français revendiquant une telle pratique furent rares avant le dernier quart du siècle. Cette exception invite à analyser la lutte qui opposa architectes et ingénieurs tout au long de la période. Les chantiers qui virent l’emploi des matériaux industriels par l’un des Dauvergne sont d’excellents cas d’études pour percevoir ces débats professionnels.